Le gecko : une figure du décentrement

  • Salima Khattari exerce, en qualité de Professeur Habilitée de l’enseignement supérieur, à la Faculté des Sciences de l’éducation de Rabat (Études françaises et éducation), Maroc.

Abstract

La société angolaise voit la coexistence d’une société créole, qui vit à Luanda (monde citadin et moderne), et de sociétés traditionnelles. La première a servi de laboratoire expérimental à la classe politique et gouvernante qui a décidé d’inculquer les valeurs créoles, d’encourager le mélange racial et ethnique, de faire adopter la langue portugaise à toute la nation et ce en créant le concept « d’angolanité ». La prétention d’un tel projet sera au cœur des débats qui traversent la littérature angolaise actuelle.

 « Si on veut comprendre ce qui se passe aujourd’hui en Angola, on doit connaître son passé, selon José Edouardo Agualusa qui renchérit que l’Angola actuelle n’est pas celle qu’on nous avait promise. Ceux qui se sont battus pour son indépendance considèrent que ce n’est pas cette Angola qu’ils souhaitaient » (Entretien avec l’écrivain José Edouardo Agualusa par Dominique Stoenesco, Luso Journal, octobre 2011).  Cette déclaration d’Agualusa nous aura permis de comprendre que son écriture a pour finalité d’interroger le passé sans qui l’identité n’existerait pas. Il fait partie de cette génération d’écrivains angolais qui font appel, d’après certaines critiques africanistes, au « réalisme africain » où la référence historique se mêle à la satire sociale.

 En effet, deux cas de figure se posent en Angola à savoir les anciennes familles créoles (leur mémoire est faite de richesses et de pouvoir) face au nouveaux riches qui le sont devenus illégalement et qui sont à la recherche d’une nouvelle mémoire qui leur permettrait de justifier leur enrichissement rapide et ce sont ces gens- là qui constituent les clients du Marchand de passés :

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References

Corpus de travail :
Agualusa, José Edouardo (2006), Le Marchand de passés, traduit du portugais (Angola) par Cécile Lombard, Paris : Edition Métailié.
Ouvrages :
Bhabha, Homi K (2007), Les Lieux de la culture, une théorie postcoloniale, traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Françoise Bouillot, Paris : Edition Payot.
Casanova, Pascale (2008), La République mondiale des lettres, Paris : Seuil, Collection « Essais ».
Dodounou, Tsevi (2011), Le Mythe de l’Albinos dans les Récits Subsahariens Francophones, Berlin : Lit Verlag.
Mircea, Eliade (1963), Les Aspects du mythe, Paris : Seuil, Collection « Folio Essais ».
Ricoeur, Paul (2000), La Mémoire, l’histoire, l’oubli, Paris : Seuil, Collection « Essais ».
Articles :
« Qu’est-ce que la pensée postcoloniale, entretien avec Mbembe Achille », Espri
Indispensables animaux, Notre Librairie, revue des littératures Sud, numéro 163, Septembre-Décembre 2006.
Published
2022-06-04
How to Cite
Khattari, S. (2022). Le gecko : une figure du décentrement. GPH-International Journal of Social Science and Humanities Research, 5(05), 55-63. Retrieved from https://gphjournal.org/index.php/ssh/article/view/598